Aux sources dela légende de Faust.

Présentation

Le Miracle de Théophile est une pièce de théâtre écrite au XIIIème siècle par Rutebeuf*, inspiré du recueil narratif des Miracles de Notre Dame, du clerc Gautier de Coincy.
La pièce appartient aux drames religieux, et plus particulièrement au genre des Miracles, dont elle est la plus ancienne représentation.

Les Miracles se jouaient en plein air, généralement sur le parvis d'une église, devant un large public, lors de cérémonies religieuses.

Joués du XIIIe siècle au XIVe siècle, les Miracles sont des sortes de mélodrame où l'on voit un personnage commettre un délit ou un crime, puis se repentir sincèrement auprès de la Vierge Marie et être sauvé. Les héros des miracles sont aussi bien des parjures, des voleurs, des malfaiteurs, que des assassins...
« Tirés de causes célèbres, de drames légendaires quelque peu historiques, des épopées du passé, on peut dire que les Miracles contiennent en germe les théâtres élisabéthains et jacobéens : histoires, tragédies à la Macbeth… »(André Degaine, Histoire du théâtre dessinée, p. 87).

Le propos de la pièce

Un prêtre d'Asie Mineure, s'était vu dépouillé de ses biens par un évêque. Il  aurait alors fait appel au Malin et lui aurait vendu  son âme pour récupérer ses biens.
Sept ans plus tard, il  éprouvait tant de remords, qu'il  pria la Sainte Vierge de récupérer le pacte maudit qu'il avait signé. Elle y parviendra.
Les Miracles de Théophile sont tirés de la vie de la Vierge, et de la vie de saint Théophile d'Adana. 
Il s'agirait là d'une des sources d'inspiration de la légende de Faust.

Une autre source plus directe , sans doute, est celle de la vie et de la mort d'un alchimiste allemand  Dr Johann Georg Faust (né en 1480 et mort en 1540) qui aurait péri  à la suited'une explosion au cours d'une expérience alchimique à l'Hôtel zum Löwen de Staufen im Breisgau, où il aurait été découvert en plusieurs morceaux : action du diable, fut-il  alors déclaré.

 

Prière de Théophile à la vierge2 :

Ma sainte reine belle,
Glorieuse pucelle,
Dame de grâce pleine,
Qui le bien nous révèle,
En besoin qui t'appelle.
Délivre est de peine;
Qui son cœur vous amène,
Au perdurable règne
Il aura joie nouvelle;
Jaillissante fontaine
Et délectable et saine,
À ton fils me rappelle.

*Il doit probablement son nom au surnom « Rudebœuf » (bœuf vigoureux) qu'il utilise lui-même dans son œuvre. On ne sait quasiment rien de sa vie sauf qu'il était probablement un jongleur avec une formation de clerc car il connaissait le latin. Il serait originaire de Champagne (il a décrit les conflits à Troyes en 1249), mais a vécu adulte à Paris. Son œuvre, très diversifiée, qui rompt avec la tradition de la poésie courtoise des trouvères, comprend des hagiographies (Vie de Sainte Helysabel), du théâtre (Miracle de Théophile), des poèmes polémiques et satiriques (Renart le Bestourné ou Dit de l'Herberie) envers les puissants de son temps. Rutebeuf est aussi l'auteur d'une œuvre dont la tonalité est personnelle, il est l'un des premiers à nous parler de ses misères et des difficultés de la vie. Parmi ses vers les plus célèbres, on trouve certainement ceux issus des Poèmes de l’infortune : « Que sont mes amis devenus, que j’avais de si près tenus, et tant aimés… »