Coincy : domaine de la lutte.

Hugues de Semur, abbé de Cluny, après avoir baptisé le fils de Thibault II de Champagne, obtient de lui la terre et le bourg de Coincy en1066. L'acte de donation (environ 1072)transforme la Collégiale en Prieuré.

Une longue et âpre lutte va débuter entre les religieux et la noblesse avoisinante, qui s'achèvera en 1770 par l'installation de 60 bornes délimitant le domaine des bénédictins et ce au grand désarroi de >Louis de Confklans seigneur d'Armentières -sur Ourcq qui s'écrie : "Je ne me laisserai pas borner par des tondus!".

En 1402, les religieux avaient obtenu du roi Charles VI la permission de fortifier l'église.

Six tours en font une place forte qui déplaît au voisinage seigneurial.

Les incursions sur les terres bénédictines n'ont de cesse au moindre prétexte (notamment la chasse).

Etienne du Buisson , à Brécy (1289), aime embellir son domaine et surtout pêcher.Il bloque alors l'entrée du canal qui conduit l'eau au moulin de Coincy, à l'aide d'une grille.Le procès itenté contre lui donne raison aux clercs.

En 1491,Jeanet de Conflans, seigneur de Saint Rémi et de Brecy récidive selon un procédé semblable à celui d'Etienne du Buisson mais trouve un arrangement avant tout procès qui s'avérerait être à son détriment.

A force de conflits, les religieux décidèrent en 1770 de procéder au bornage de leurs terres, provoquant la colère de Louis de Conflans.

Un précédent existait déjà, la borne de la reine Blanche.En effet, le roi Henri VI le gros est roi de Navarre et héritier des comtes de Champagne. Son épouse, Blanche, fille de Robert d'Artois , nièce de Saint Louis trouva refuge à Château-Thierry et donna des terres aux communes avoisinantes et plus particulièrement à Coincy en 1274 où le bois de la reine Blanche ( 300 arpents) devint ainsi un franc-alleu appartenant à chacun des habitants. En 1766 il fut borné sur ordre du roi Louis XV.

En 1770, les autres bornes des clercs furent installées. Pesant environ 500kg, les bornes possèdent une face gravée tournée vers Coincy : deux clefs croisées et une épée droite au milieu forment les attributs de Saint Pierre et Saint Paul, l'église étant vouée à ces deux saints. L'initiale qui figure sur les bornes indique le village qui est en limite des terres bénédictines. Un des côtés porte le numéro d'ordre qui part à l'est  et au sud du prieuré suivant les limites méridionales du territoire pour remonter vers l'ouest, au nord et au nord ouest.

42 bornes restent visibles de nos jours.